Biocarburants L’éthanol américain dans la tourmente du Covid-19
Les États-Unis et ses producteurs de maïs subissent de plein fouet la chute de la demande en éthanol, liée à la pandémie de coronavirus.
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Diminution des déplacements, travail à distance : les mesures de confinement déployées depuis la mi-mars ont considérablement ralenti la demande en carburant. Et l’éthanol n’y échappe pas. En comparaison avec la même période l’année passée, la consommation a été divisée par deux aux États-Unis. Conséquence directe, la plupart des usines d’éthanol américaines ont ralenti leur production.
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60 unités sur 200 à l’arrêt
Sur les 200 unités que compte le pays, 60 se sont arrêtées ces dernières semaines. Avec environ 11 millions de tonnes utilisées par mois, 40 % du maïs américain finit en éthanol. Pour les producteurs, c’est un débouché majeur qui fait aujourd’hui défaut.
Céréalier avec ses deux frères sur une exploitation de 1 100 hectares à Primghar, dans l’Iowa, Kelly Nieuwenhuis préside à la fois une usine d’éthanol et le syndicat des producteurs de maïs de son État. Pour lui comme pour beaucoup de ses collègues, les alternatives manquent. « En Iowa, c’est à peu près la moitié du maïs qui passe en éthanol mais, chez nous, c’est 95 %. » La crise ne va pourtant pas bouleverser les plans de l’exploitant. « Notre parcellaire est à 50 % en soja et 50 % en maïs. Certains producteurs ont semé plus de soja cette année mais pas nous. La campagne est encore longue, on ne désespère pas de voir les prix remonter. »
30 % de valeur perdue
Le bilan de l’année 2020 s’annonce pourtant déjà difficile. L’éthanol a perdu près de 30 % de sa valeur depuis la fin de 2019, sans compter la baisse de volume. « Avec le conflit commercial lié au pétrole et aujourd’hui le coronavirus, ces derniers mois sont difficiles pour nous », ajoute Kelly Nieuwenhuis. Même si un léger rebond de la consommation s’est amorcé mi-mai, la situation de l’économie et les quantités de biocarburant encore stockées risquent de maintenir les prix à de faibles niveaux plusieurs mois. L’Association américaine des Carburants Renouvelables estime, dans une note, que la crise pourrait coûter 10 milliards de dollars à la filière.
Benoît Devault
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